femme agée dans une maison de retraite à Marseille

Payer la maison de retraite : qui règle la facture ?

Alors que le coût moyen d’un EHPAD dépasse souvent les revenus disponibles, déterminer qui va payer la maison de retraite devient une équation financière difficile pour de nombreuses familles françaises. Ce dossier explique en détail l’articulation des financements, depuis la mobilisation du patrimoine personnel jusqu’à l’intervention de l’aide sociale départementale, en passant par la contribution obligatoire des enfants. Vous comprendrez ici le fonctionnement exact de l’obligation alimentaire et les implications du recours sur succession pour organiser sereinement la prise en charge de la dépendance.

Décortiquer la facture : que paye-t-on vraiment en maison de retraite ?

Le tarif hébergement : le gîte et le couvert

C’est le socle de la facture, comparable à un loyer avec services. Ce tarif couvre le logement, la pension complète incluant les repas quotidiens et l’entretien des locaux.

Il inclut aussi les services de blanchisserie et les animations proposées par l’établissement. Précisons que ce coût est intégralement à la charge du résident, sans intervention de la sécurité sociale.

Ce tarif constitue la majeure partie de la facture mensuelle. Le montant varie énormément selon le standing de l’établissement et sa localisation géographique, les zones urbaines affichant souvent des prix supérieurs aux zones rurales.

Le coût moyen d’une maison de retraite en France oscille entre 1 800 et 3 700 euros par mois, une somme conséquente qui nécessite une planification financière rigoureuse.

Le tarif dépendance : une aide pour les gestes du quotidien

Le tarif dépendance est directement lié à la perte d’autonomie du résident. Il couvre l’aide humaine nécessaire pour les actes de la vie courante, tels que la toilette, l’habillage et les déplacements.

On utilise ici la notion de GIR (Groupe Iso-Ressources). Le montant de ce tarif dépend du niveau de dépendance de la personne, évalué de GIR 1 pour une dépendance totale à GIR 6 pour une personne autonome.

Pour aider à payer maison retraite sur ce volet, l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) peut couvrir une partie de ce tarif pour les personnes classées en GIR 1 à 4. Le reste à charge est payé par le résident.

Le tarif soins : la prise en charge médicale

Ce tarif couvre les prestations médicales et paramédicales collectives réalisées par le personnel soignant de l’établissement. Cela inclut l’intervention du médecin coordonnateur, des infirmiers et des aides-soignants.

Ce tarif est directement pris en charge par l’Assurance Maladie. Il n’apparaît donc pas sur la facture mensuelle payée par le résident, ce qui représente un allègement financier notable pour les familles.

Cependant, certains soins spécifiques comme les consultations de spécialistes extérieurs, certains médicaments non couverts ou la kinésithérapie libérale restent à la charge du résident ou de sa mutuelle.

  • Tarif hébergement : Logement, repas, entretien. Payé par le résident.
  • Tarif dépendance : Aide à l’autonomie. Payé par le résident et l’APA.
  • Tarif soins : Frais médicaux collectifs. Payé par l’Assurance Maladie.

Le résident, premier contributeur : mobiliser ses propres ressources

Soyons clairs dès le début : le résident reste légalement le premier payeur. La loi impose que l’ensemble de ses revenus mensuels, qu’il s’agisse des pensions de retraite de base, des complémentaires ou de revenus fonciers, soit la source prioritaire mobilisée pour régler la facture.

Imaginez une facture mensuelle de 2 500 € pour payer maison retraite alors que la pension du senior n’est que de 1 500 €. Ces 1 500 € iront *directement et intégralement à l’EHPAD* pour l’hébergement, sans exception possible.

Malheureusement, pour la majorité des familles, ces revenus courants s’avèrent très souvent insuffisants pour couvrir l’intégralité des frais mensuels d’hébergement et le tarif dépendance.

Les revenus courants : pensions de retraite et autres rentes

Si le compte courant ne suit pas, le résident doit impérativement mobiliser son patrimoine financier. L’argent placé sur des livrets d’épargne ou une assurance-vie doit servir à combler le déficit mensuel avant de solliciter la solidarité nationale ou familiale.

Le patrimoine immobilier, souvent la résidence principale, est aussi concerné par cette obligation. Deux options s’offrent alors : vendre le bien pour financer le séjour sur la durée ou le louer pour générer un revenu complémentaire immédiat.

Toucher à la maison familiale est une étape délicate, souvent chargée d’émotion pour les proches. Pourtant, c’est une condition légale nécessaire avant de pouvoir espérer obtenir l’Aide Sociale à l’Hébergement (ASH).

Anticiper les coûts : une nécessité pour éviter les mauvaises surprises

L’anticipation est la clé pour éviter le choc financier et psychologique. Le coût réel d’un EHPAD ne doit pas vous prendre par surprise. Il est primordial d’auditer ses ressources bien avant la perte d’autonomie pour préparer cette transition sereinement.

C’est une forme de prévoyance familiale indispensable. De la même manière qu’il est judicieux de gérer l’avenir des jeunes, comme le fait d’ouvrir un compte bancaire à son enfant pour lui apprendre la valeur de l’argent, il est tout aussi pertinent de planifier le financement de ses propres vieux jours.

La solidarité familiale : quand les proches sont appelés à contribuer

Mais que se passe-t-il quand les revenus et le patrimoine du résident sont épuisés ou insuffisants ? C’est à ce moment-là que la famille entre en jeu, via un mécanisme légal bien précis.

L’obligation alimentaire : un devoir légal et non un choix

Oubliez la simple charité ou le bon vouloir. Il s’agit d’une contrainte juridique stricte, gravée dans le Code civil, qui impose d’aider un parent dans le besoin. Ne pas s’y soumettre expose à des sanctions, car c’est la loi.

Ce mécanisme se déclenche uniquement si le résident n’a plus les ressources suffisantes pour payer maison retraite seul.

L’État est clair : la solidarité privée passe avant la solidarité publique. On sollicite donc les proches avant même de pouvoir demander l’Aide Sociale à l’Hébergement au département.

Qui est concerné ? Le cercle des « obligés alimentaires »

Le premier en ligne de mire est toujours le conjoint, marié ou pacsé. C’est le fameux devoir de secours qui prime sur tout le reste au sein du couple.

Ensuite, on descend l’arbre généalogique. Les enfants sont appelés, suivis des petits-enfants. Notez que les gendres et belles-filles restent concernés tant que leur époux, enfant du résident, est encore en vie.

Rassurez-vous si vous êtes frère, sœur, oncle ou simple concubin : vous êtes hors du radar. La loi cible uniquement la parenté directe, excluant les collatéraux de cette dette.

Une précision utile : le divorce ou le décès du conjoint libère immédiatement le gendre ou la belle-fille de cette charge.

  1. Le conjoint (marié ou pacsé)
  2. Les enfants
  3. Les gendres et belles-filles
  4. Les petits-enfants (avec des nuances importantes)

Comment est calculée la participation de chacun ?

Il n’existe aucun barème national fixe pour dicter le montant exact. Tout se calcule au cas par cas, en scrutant les revenus réels et les charges incompressibles de chaque obligé alimentaire.

L’argent divise souvent les familles. Répartir cette charge crée des frictions similaires à celles vues pour savoir qui paie les fournitures scolaires en garde alternée, où des accords précis sont vitaux. Si le dialogue échoue, c’est le juge aux affaires familiales qui tranchera sèchement.

Les aides publiques à la rescousse : un soutien de l’état indispensable

Si les ressources du résident et la contribution de la famille ne suffisent toujours pas à boucler le budget, il existe heureusement des dispositifs d’aide publique pour prendre le relais.

L’aide sociale à l’hébergement (ASH) : le filet de sécurité

Lorsque les fonds manquent pour payer maison retraite, l’ASH intervient comme le dispositif de dernier recours pour régler les frais d’hébergement. Cette aide financière, versée par le Conseil départemental, reste toutefois soumise à des conditions de ressources particulièrement strictes.

Pour y prétendre, le demandeur doit être âgé de plus de 65 ans (ou 60 ans en cas d’inaptitude au travail) et résider en France. Ses ressources doivent être impérativement inférieures au coût réel de l’hébergement.

Le mécanisme est le suivant : le département règle la différence entre le montant de la facture et la contribution financière combinée du résident et de sa famille.

L’allocation personnalisée d’autonomie (APA) : pour compenser la perte d’autonomie

Il est important de distinguer l’APA en établissement, qui est spécifiquement dédiée à couvrir une partie du tarif dépendance. Ce dispositif ne peut en aucun cas être utilisé pour régler les frais liés à l’hébergement ou à la restauration.

Seuls les résidents dont la perte d’autonomie est évaluée en GIR 1 à 4 peuvent bénéficier de cette allocation. Le montant accordé varie logiquement selon le classement GIR et le niveau de revenus du résident.

Généralement, l’APA est versée directement à l’établissement d’accueil, ce qui permet de réduire le montant final facturé au résident.

Les aides au logement (APL/ALS) : un coup de pouce pour le tarif hébergement

Pour alléger la facture, le résident peut, sous conditions de ressources, percevoir une aide au logement qui s’applique sur son tarif hébergement. Il s’agit soit de l’APL (Aide Personnalisée au Logement), soit de l’ALS (Allocation de Logement Sociale).

La condition principale pour l’APL est que l’EHPAD soit conventionné, un critère technique qu’il est primordial de vérifier avant de choisir un établissement. La demande doit être effectuée directement auprès de la CAF ou de la MSA.

Synthèse des aides : un tableau pour y voir clair

Pour résumer la situation, chaque aide financière répond à un objectif bien précis et ne couvre pas les mêmes types de frais.

Nom de l’aide Ce qu’elle finance Principales conditions Organisme à contacter
ASH (Aide Sociale à l’Hébergement) Tarif hébergement Ressources insuffisantes (après aide familiale) Conseil départemental
APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) Tarif dépendance Être en GIR 1 à 4 Conseil départemental
APL/ALS (Aides au logement) Tarif hébergement Ressources modestes + établissement conventionné CAF ou MSA

Ce tableau permet de visualiser rapidement quelle aide solliciter en fonction de la partie de la facture qui pose problème dans le budget.

Les conséquences à long terme : ce qu’il faut savoir sur l’ASH

Le recours sur succession : l’aide n’est pas un don

Il est fondamental de comprendre le principe du recours sur succession concernant cette aide. Les sommes versées par le département au titre de l’ASH sont considérées comme une avance financière et non comme un don définitif.

Au décès du bénéficiaire, le département est en droit de récupérer les montants versés en se servant directement sur l’actif de la succession, qu’il s’agisse de biens immobiliers ou de l’épargne restante.

Toutefois, ce recours ne s’exerce que si l’actif net successoral dépasse un certain seuil, actuellement fixé à 46 000 euros.

L’Aide Sociale à l’Hébergement est une solidarité nationale précieuse, mais elle implique un remboursement futur sur le patrimoine laissé par le bénéficiaire. C’est un point à ne jamais oublier.

Le cas des donations antérieures : une vigilance de mise

Il convient d’avertir les familles sur un point particulièrement sensible de la procédure. Le département a la possibilité d’exercer un recours sur les donations faites par la personne âgée avant sa demande d’ASH.

Ce mécanisme de récupération concerne spécifiquement les donations effectuées dans les 10 ans précédant la demande d’aide sociale.

L’objectif de la loi est d’éviter que des personnes organisent leur insolvabilité pour ne pas avoir à payer maison retraite avec leurs propres fonds.

L’avantage fiscal pour les aidants : une compensation à ne pas oublier

Une information positive mérite d’être soulignée pour les « obligés alimentaires ». Les sommes versées au titre de l’obligation alimentaire sont déductibles des revenus imposables.

Cette mesure fiscale vient alléger l’effort financier consenti par les enfants ou autres proches, à condition de conserver tous les justificatifs de paiement.

Nous vous conseillons de se rapprocher de son centre des impôts pour connaître les modalités exactes.

Au-delà de l’EHPAD : financer les alternatives

L’EHPAD n’est pas la seule solution d’hébergement pour les seniors. D’autres structures existent, avec des modèles de financement qui leur sont propres.

Résidences services seniors : quel financement ?

Les résidences services seniors sont des logements privatifs conçus pour les personnes âgées autonomes. Elles incluent des services collectifs à la carte, comme la restauration ou les loisirs. C’est une alternative flexible entre le domicile et l’institution.

Le financement repose principalement sur le résident, qui paie un loyer et des charges de services. Cela évite de payer maison retraite au prix fort, les coûts étant souvent moins élevés qu’en EHPAD.

Précisons que l’ASH ne s’applique généralement pas ici. En revanche, les aides au logement (APL/ALS) et l’APA à domicile sont possibles.

Béguinages et habitat inclusif : des solutions et des aides spécifiques

Ces concepts offrent des lieux de vie partagés et conviviaux pour rompre l’isolement. Souvent à taille humaine, ils permettent de conserver un chez-soi tout en bénéficiant d’une dynamique collective rassurante et sécurisante.

Le financement est similaire aux résidences services. Le résident paie un loyer pour son espace privé, tout en partageant certaines charges communes liées au fonctionnement du lieu.

Des aides plus spécifiques existent comme l’Aide à la Vie Partagée (AVP). Elle peut aider à financer le projet de vie social de l’habitat.

Financement des alternatives à l’EHPAD :

  • Résidences Services : Loyer + charges payés par le résident. Aides possibles : APL/ALS, APA à domicile.
  • Habitat Inclusif : Loyer payé par le résident. Aides possibles : APL/ALS, APA à domicile, AVP.

Choisir la bonne structure : une étape clé du parcours

Le choix de la structure doit correspondre au niveau d’autonomie et aux souhaits de la personne. Si l’aspect financier est un critère, ce n’est pas le seul élément à considérer pour le bien-être.

Cette transition est une étape de vie majeure, un peu comme le sont d’autres grands changements familiaux tels qu’emménager dans une nouvelle maison. Il est donc important de bien se renseigner pour trouver la solution la plus adaptée, comme une maison de retraite réputée comme Le Mas de la Côte Bleue à Martigues.

Le financement d’une maison de retraite repose sur un équilibre entre ressources personnelles, solidarité familiale et aides publiques. Anticiper ces dépenses permet de mieux appréhender les dispositifs existants, comme l’ASH ou l’APA. Une préparation rigoureuse reste indispensable pour protéger le patrimoine et assurer une transition sereine vers l’établissement adapté.

FAQ

Quel est le coût mensuel moyen d’un EHPAD en France ?

Le coût d’une place en maison de retraite varie considérablement selon la localisation géographique et le niveau de prestations, oscillant généralement entre 1 800 et 3 700 euros par mois. Ce montant global se décompose en trois postes de dépenses : le tarif hébergement, le tarif dépendance et le tarif soins.

Il est important de noter que le tarif soins est directement pris en charge par l’Assurance Maladie. Le résident doit donc s’acquitter principalement des frais d’hébergement et de la part du tarif dépendance qui n’est pas couverte par l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA).

Comment s’organise le paiement d’une maison de retraite ?

Le règlement des frais d’EHPAD suit une hiérarchie précise des contributions. En premier lieu, c’est le résident qui finance son séjour en mobilisant ses pensions de retraite ainsi que ses revenus personnels et son patrimoine (épargne, immobilier).

Si ces ressources personnelles sont insuffisantes, la loi prévoit la sollicitation de la solidarité familiale via l’obligation alimentaire. Ce n’est qu’en dernier recours, ou en complément, que les aides publiques comme l’Aide Sociale à l’Hébergement (ASH) interviennent pour combler le déficit.

Comment financer un séjour en EHPAD avec une petite retraite ?

Lorsqu’une pension de retraite est modeste, le financement du séjour nécessite souvent de combiner plusieurs sources. Le résident peut d’abord percevoir des aides au logement (APL ou ALS) si l’établissement est conventionné, ce qui vient réduire la facture d’hébergement.

Si le reste à charge demeure trop élevé, il est nécessaire de faire appel à l’aide des proches (enfants, conjoint). Si cette solidarité familiale ne suffit pas ou est impossible, une demande d’ASH doit être déposée auprès du département pour prendre en charge les frais restants.

Les enfants sont-ils obligés de payer la maison de retraite de leurs parents ?

Oui, les enfants ont une obligation légale de subvenir aux besoins de leurs parents si ces derniers ne peuvent plus financer leur hébergement. Ce devoir, inscrit dans le Code civil sous le nom d’obligation alimentaire, s’applique aux descendants directs et peut s’étendre aux gendres et belles-filles.

Le montant de cette participation financière n’est pas fixe : il est calculé au cas par cas, en tenant compte des ressources et des charges propres à chaque enfant. Il est à noter que les sommes versées à ce titre sont déductibles des revenus imposables.

Qui finance l’EHPAD si le résident et sa famille n’ont pas les moyens ?

Dans la situation où le résident est dépourvu de ressources suffisantes et où la famille ne peut pas contribuer financièrement, le Conseil départemental prend le relais via l’Aide Sociale à l’Hébergement (ASH). Cette aide publique couvre la différence entre le coût de l’établissement et la participation du résident.

En contrepartie de cette aide, le résident doit reverser 90 % de ses revenus à l’établissement. Il conserve toutefois une somme minimale mensuelle (fixée à 114 euros au minimum) pour ses dépenses personnelles courantes.

L’APA doit-elle être remboursée par les héritiers ?

Non, l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) n’est pas une aide récupérable. Les sommes versées pour compenser la perte d’autonomie sont définitivement acquises et ne font l’objet d’aucun recours sur la succession au décès du bénéficiaire.

Toutefois, il convient de ne pas confondre l’APA avec l’ASH. L’Aide Sociale à l’Hébergement est, quant à elle, considérée comme une avance remboursable. Le département peut exercer un recours sur l’actif successoral net du défunt si celui-ci dépasse le seuil de 46 000 euros.